La Grange en Ville – De Stadsschuur dans BRUZZ!

On en parle dans BRUZZ !  Stadstuinbouw van start in Anderlecht: ‘Wordt heel spannend of ze het halen’

Le maraîchage urbain est lancée à Anderlecht

Sara De Sloover

Tout un symbole en ce début de printemps: trois projets financés par l’Union Européenne ont débuté près de terrains de sports de la commune d’Anderlecht. Les maraîchers urbains vont y cultiver des légumes et des fruits de saison, en plein contexte de pénurie de  lopin de terre. «Les propriétaires préfèrent spéculer sur l’affectation de leur parcelle en terrain à bâtir!»

 

BRUZZVueDepuis les serres, on reconnait le parking d’Ikea et les tours de refroidissement de Drogenbos (© sds)

La rue du Chant-d’Oiseau à Anderlecht a fait grand honneur à son nom lundi dernier. Les piafs surpassent même ce matin le bourdonnement du Ring qui passe à proximité. Une pie jacasse dans les prés, un busard nous survole, une grosse corneille se repose au sommet d’un peuplier. Qui ne prêterait pas attention aux tours de refroidissement de la centrale au gaz de Drogebos et à une paire d’immeubles-tours de Leeuw-Saint-Pierre qui apparaissent au-dessus des arbres pourrait facilement se croire dans le platteland flamand.

Et il y a aussi une poignée de nouveaux maraîchers affairés à construire leurs serres.

Bruxelles-Environnement appuie ici, avec des subsides de l’Union Européenne, l’expérience d’agriculture urbaine « Graines de Paysans », pour au moins deux ans. Il y a encore quelques semaines, la ministre bruxelloise de l’Environnement Céline Fremault (CDh) présentait sa stratégie Good Food, par laquelle elle entend que d’ici cinq ans un tiers des légumes et des fruits pour Bruxelles devront avoir été produits localement. Voici un pas concret dans ce sens.

Légumes par fax   Jean-Philippe Gomrée, de Jette, et Raphaël Dodgson, de Molenbeek, étaient jusqu’il y a peu respectivement cuisinier d’hôtels de luxe et ingénieur du son. Ils se sont connus il y a un an et demi à une formation à l’agriculture biologique, et ils ont décidé de se lancer ensemble dans une start-up d’horticulture.

BRUZZGarconMaraichers

«Je voulais revenir à l’origine de mon métier, le contact avec la base», dit Gomrée. «Avec les légumes, je n’avais de contact que par le fax.» Dodgson rêvait d’une bouffée d’air pur et frais après quatorze ans dans des studios d’enregistrement. «Je voulais aussi un job en accord avec les valeurs que je trouvais importantes. Soit une production tout à fait locale, pour Bruxelles à Bruxelles.»          Les hommes vont travailler leur terrain de 30 ares conformément aux principes d’agriculture biologique du Canadien Jean-Martin Fortier. «Ce que celui-ci fait au Québec n’a encore jamais été appliqué en Belgique», dit Dodgson. «La petite superficie qui nous a été concédée, nous allons la cultiver avec une efficience telle que ce que nous récolterons devrait correspondre à ce que produit l’agriculture traditionnelle sur une surface quatre fois plus grande. Après chaque récolte, nous allons installer une autre plante dans les deux jours.» Les Garçons Maraîchers: Jean-Philippe Gomrée (g.) et Raphaël Dodgson (d.), en arrière-plan les tours d’habitation de Leeuwe-saint-Pierre (© sds) 

‘ Blonde de Laeken ‘    Ces deux sorciers professionnels planifient le plus possible de récoltes par an, toujours de fruits et de légumes de saisons. «Une ‘blonde de Laeken’, par exemple, une ancienne variété succulente de laitue pommée», nous dit l’ancien cuisinier Gomrée. «Nos carottes violettes d’ici, et des tomates très aromatiques. Ou encore des groseilles rouges et des framboises qui conviennent à la saison. On les vendra à des restaurateurs slow-food. Nous avons déjà établi les contacts, et cela les arrange parfaitement. De tels clients comprennent aussi qu’on ne pourra pas livrer de tomates en hiver, et ils adaptent leurs menus à la saison.»

Les participants au projet disposent de diverses bases et statuts, explique Antoine Sterling, de l’association environnementale Le Début des Haricots, qui pilote l’ensemble du projet Graines de Paysans. «C’est un projet passionnant, il est très difficile de commencer une nouvelle entreprise dans l’agriculture», selon Sterling. «Précisément parce que les gens n’y touchent pas de subventions européennes, on n’en perçoit que si l’on cultive plus de deux hectares. L’Europe ne prend encore toujours en compte que les agriculteurs qui gèrent de grandes surfaces, qui se travaillent avec des machines, en rapport d’échelle. Ici, c’est une autre perspective. Le consommateur soutient un paysan qui lui fournit de la nourriture, il n’achète pas des lots de légumes mais une part de la production.»

Spéculation foncière   Trois autres projets horticoles de Graines de Paysans ont trouvé un lopin dans un terrain au croisement des rues du Pommier et de Neerpede. C’est la commune d’Anderlecht qui appuie le projet européen et qui a dans les deux cas donné les terrains en usufruit. Mais tout le monde ne paraît pas si bien disposé, à en juger du côté du Chant d’Oiseaux.

«Le terrain de la commune d’Anderlecht, sur lequel nous pouvons construire nos serres, va jusqu’ici», montre Nathalie Van den Abeele, qui a baptisé son projet La Grange en Ville. «Mais cette bande – elle indique une prairie de quelque dix mètres de large resserrée entre les serres et la clôture des terrains de sport anderlechtois – appartient au C.P.A.S. de Bruxelles. Anderlecht est prête à le racheter. Mais la Ville refuse, alors qu’elle ne fait rien de ce lopin.

Même histoire pour la parcelle entre la voie publique et leurs terrains, selon Van den Abeele. «Elle appartient à un propriétaire privé qui ne désire pas vendre. C’est bien son droit, mais c’est particulièrement frustrant de constater que rien n’est entrepris avec tous ces terrains, alors que la demande d’alimentation produite localement augmente et que Bruxelles importe massivement de la nourriture par camions.»

«Les propriétaires à Bruxelles laissent de nos jours leurs terres en jachère parce qu’ils spéculent sur leur affectation en terrain à bâtir et qu’alors ils vendront. Les terrains rapportent aujourd’hui plus que la bourse, et les promoteurs immobiliers en profitent.»

Changer de vie  Nathalie Van den Abeele a, dit-elle, arrêté son travail d’infirmière après un burn-out, et elle a suivi des cours et des stages d’agriculture biologique et de permaculture. Elle cultivera ses fruits et légumes selon une combinaison de ces deux méthodes.»

«Mon rêve, c’est la Community-Supported Agriculture (C.S.A.), l’agriculture soutenue par la communauté, comme cela se fait déjà à Louvain. Des habitants des environs paient à un fermier entre 300 et 400 € euros par personne et par an et en contrepartie ils peuvent cueillir toute l’année ce qu’ils veulent dans le champ. L’agriculteur a un revenu connu et anticipable, les fruits et légumes sont frais du jour, et on n’est plus encombré d’emballages. Voilà pourquoi je veux faire de l’agriculture urbaine. C’est une autre manière de soigner la planète – et moi en même temps.

BRUZZMontage des serresCes « jardiniers urbains » vont, à partir de juin en principe, vendre sur place une partie de leur récolte, une fois par semaine, par exemple aux passants de la Promenade Verte.   Toute information complémentaire relative au projet sera disponible à partir de la fin avril sur le site de Graines de Paysans.   GrainesdePaysans

Le montage des serres (© sds)


Comments are disabled for this post